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| 26/03/2009

Microparticules : La RATP en plein brouillard

Image d’illustration © 704417|Pixabay|CC0 or Pixabay

Lundi, l’AFSSET révélait que les microparticules sont nocives pour la santé, quelles que soient les concentrations mesurées. Coup dur pour la RATP, dont les couloirs regorgent de ces polluants invisibles. Et pour le Ministère de la Santé dont les calculs savants permettent à la régie des dépassements 13 fois supérieurs aux normes de l’OMS !

Les « microparticules » sont de très petites molécules (<10 microns) très toxiques. Elles provoquent tous les ans près de 350 000 décès en Europe selon un rapport de la Commission Européenne. En France, selon l’AFSSET, elles seraient responsables de 6 à 11% des cancers du poumon et de 9500 morts chaque année. Particulièrement concernés, les réseaux ferroviaires cloisonnés, qui concentrent les poussières dues aux frottements des roues des trains sur les rails. Malgré les demandes répétées et insistantes du Conseil Supérieur de l’Hygiène Publique Français (CSHPF) depuis une dizaine d’années, il aura fallu attendre un reportage foudroyant de Canal Plus pour que la RATP daigne publier ses résultats d’analyse de qualité de l’air, avec un métro de retard en… janvier 2008.

Les normes de l’OMS enfumées

Depuis lors, la régie affiche toutes les semaines sur son site Internet ses relevés de mesures, y compris ceux concernant les particules fines de taille inférieure ou égale à 10 microns (PM10). Les prélèvements sont réalisés dans trois stations du réseau : Châtelet (métro L4), Auber (RER A) et Franklin D. Roosevelt (métro L1), cette dernière étant suspendue depuis un certain temps pour cause de travaux. Sur les six derniers mois, les concentrations moyennes mesurées sont de 90 µg/m³ à Châtelet et 190 µg/m³ à Auber. En heures ouvrées, elles grimpent à 102 et 226. Et en heures de pointe, elles culminent à 112 et 280… alors que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) préconise de ne pas dépasser 50 µg/m³, et que la directive européenne sur l’air fixe une concentration moyenne maximum à 40 µg/m³. Un scandale ? Pensez-vous… Le CSHPF a émis un avis spécifique aux enceintes ferroviaires souterraines autorisant des concentrations allant jusqu’à 671 µg/m³. Tout baigne.

Deux narines, une solution

En réalité, cette « valeur guide » du ministère est calculée pour une heure d’exposition quotidienne. Faites chauffer les calculettes (et les détecteurs de fumée) : si vous passez deux heures en sous-sol dans la journée, comme la plupart des franciliens, sachez qu’il vous faudra alors éviter les zones dans lesquelles les taux de particules dépassent les 335,5 µg/m³. D’une simplicité à toute épreuve… surtout pour les personnes travaillant dans les enceintes concernées (agents RATP, commerçants, techniciens…) qui seront peut-être invitées, à l’avenir, à respirer alternativement des deux narines, histoire de doubler encore les normes admissibles ?

Sur la période étudiée, le seuil toléré par le CSHPF pour deux heures d’exposition quotidienne a été atteint 675 fois, tandis que celui de l’OMS a été dépassé 7202 fois, pour 9072 mesures, soit 80% du temps ! Le maximum de 1296 µg/m³ ayant été atteint à Auber le 6 février à 18h. En même temps, puisque l’AFSSET vient de découvrir qu’ »on ne peut trouver de seuil de pollution au-dessous duquel il n’y aurait pas d’impact sanitaire« , pourquoi se gêner… Encore heureux qu’il soit « interdit de fumer dans l’enceinte de la RATP ».